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Le gaz de schiste américain arrive en Europe

mardi 12 janvier 2016

Publié le 07/01/2016

Le gaz de schiste américain commence à être exporté vers l’Europe. Ici un gisement exploité au Canada par Exxon Mobil Corp


Photo Reuters

Yann BESSOULE / Ouest-France
La demande mondiale de gaz est très forte. Les États-Unis en regorgent depuis l’exploitation du gaz de schiste. Ils commencent à exporter.

On ne dira jamais assez combien l’extraction de pétrole et de gaz de schiste américain a changé la donne énergétique mondiale. Les États-Unis sont devenus les premiers producteurs dans les deux domaines. Les conséquences en sont palpables depuis plusieurs années. Et ce n’est pas fini. Dans quelque temps, les côtes européennes vont être les témoins privilégiés de cette véritable révolution industrielle…

Du gaz de schiste vogue vers l’Europe

Dans les tout prochains jours, un méthanier aux couleurs du groupe anglais BG Group (ex-British Gas, devenu propriété de Shell) va quitter l’appontement de l’usine de liquéfaction de gaz Sabine Pass, appartenant au groupe Cheniere Energie, en Louisianne. Son cap ? L’Europe. Anodin ? Ô que non.

D’abord, les compagnies américaines n’exportent quasiment pas de gaz. Seul le site de Kenai, en Alaska, en vend au Japon depuis quelques années.

Là, il s’agit de tout autre chose : des exportations vers le continent européen.

Mais il y a encore plus important. Le GLN (Gaz naturel liquéfié) transporté par ce méthanier n’est pas un gaz conventionnel. C’est un gaz de schiste… Une première, qui en appelle d’autres.

Une énergie de plus en plus demandée

Le gaz naturel est une énergie de plus en plus appréciée, notamment parce qu’elle pollue beaucoup moins que d’autres (charbon, pétrole). Et ses réserves sont importantes : 187 000 milliards de m3 fin 2014, notamment en mer.

Ça tombe bien : la demande ne cesse d’augmenter. Surtout en Europe et en Asie. Aujourd’hui, le gaz représente 21 % du mix énergétique ; à l’horizon 2040, ce devrait être 24 %.

Pendant longtemps, la Russie, l’Iran, le Canada, le Qatar ont mené le bal. Mais aujourd’hui, grâce au gaz de schiste, les États-Unis sont devenus n°1.
L’essor du GNL

Le gaz se transporte de deux façons : par gazoducs (installations terrestres) ou par navires. Dans ce second cas, on parle de Gaz naturel liquéfié. Le GNL représente aujourd’hui un tiers des achats mondiaux de gaz ; et 10 % de la consommation mondiale.

Un méthanier transportant du gaz naturel liquéfié

Dans ce secteur, jusqu’à très peu de temps, le Qatar, la Malaisie, l’Australie étaient les principaux producteurs et exportateurs. « En 2014, 301,39 milliards de m3 de GNL ont été exportés, dont 96,13 milliards de m3 par le Qatar », indique Frédérick Auvray, journaliste spécialisé dans le transport maritime.

Mais la donne est en train de changer. Actuellement, c’est la course aux investissements. Comme l’explique L’Atlas économique de la mer 2016, de l’hebdomadaire le marin, « dix-neuf sites de liquéfaction et dix-sept terminaux de regazéification sont, à ce jour, en construction dans le monde ». Dont plusieurs aux États-Unis…

Car c’est clair, les groupes américains entendent bien exporter leur gaz, qui est beaucoup moins cher à produire que le gaz qatari par exemple. Ils sont en ça aidés par l’affichage politique de Barack Obama. « Le gouvernement américain annonce qu’il veut desserrer l’étau du gaz russe sur ses alliés européens », rappelle Frédérick Auvray.

Engie et EDF importateurs

Mais au fait, le gaz de schiste américain qui arrive, qui va l’acheter ? Sans doute plein de traders, pour le revendre à des groupes opérants des centrales de production d’électricité ou ravitaillant des consommateurs.

En France, les deux plus importants opérateurs ont d’ores et déjà passé des contrats avec un groupe américain.

Engie (ex-GDF-Suez) a signé, fin octobre, un contrat d’une durée de cinq ans avec Cheniere qui prévoit la livraison de 12 cargaisons par an. Les méthaniers devraient débarquer au terminal de regazéification de Montoir-de-Bretagne (à côté de Saint-Nazaire en Loire-Atlantique). Les opérations devraient démarrer en 2018.

EDF est également de la partie. Il a lui aussi passé un accord (sur 20 ans) avec Cheniere. Le GNL partirait du terminal de Corpus Christi (Texas) pour être débarqué au nouveau terminal de l’électricien français à Dunkerque.
Après le gaz, le pétrole...

En 1973, la guerre du Kippour débouche sur l’embargo imposé par les pays arabes aux alliés d’Israël. C’est le premier choc pétrolier. Pour assurer ses besoins, le gouvernement américain impose à ses producteurs, en 1975, l’interdiction d’exporter leur pétrole.

L’arrivée du pétrole de schiste a, là aussi, changé la donne. Les États-Unis sont devenus le premier producteur mondial de pétrole (devant l’Arabie saoudite et la Russie). Les groupes pétroliers ont entamé, depuis des mois, un important lobbying pour que l’interdiction d’exporter soit levée.

Le gouvernement de Barack Obama a longtemps résisté. Une première porte s’est ouverte en 2015 avec l’autorisation d’exporter du condensat (pétrole léger).

Mais, fin 2015, la barrière s’est définitivement levée. Dans le cadre de la difficile négociation du financement de l’État fédéral en 2016, le Congrès a présenté un amendement autorisant les exportations. Il a obtenu satisfaction (suite à un compromis sur les énergies renouvelables).

Cette possibilité a vite été exploitée… Le 31 décembre, le pétrolier Theo T (70 000 tonnes de capacité, pavillon Bahamas) a chargé au terminal de Corpus Christi une cargaison de brut à destination de l’Italie. Il devrait y arriver dans une douzaine de jours…

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