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Maltraitance à la ferme-usine des mille vaches : L214 porte plainte

samedi 20 juin 2015


La ferme-usine des mille vaches, c’est un symbole, celui de l’élevage moderne, une forme de progrès pour certains, une absurdité pour de nombreux défenseurs des animaux et de l’environnement qui dénoncent une société productiviste qui aliène et exploite le vivant pour le business. Aujourd’hui, la ferme-usine est en fonctionnement, entassant des centaines de vaches laitières dans des conditions effroyables selon le témoignage d’un ancien salarié.

La ferme des mille vaches est une ferme industrielle construite sur le territoire des communes de Buigny-Saint-Maclou et de Drucat, dans la Somme, en Picardie. Elle est conçue pour abriter environ 1 000 vaches laitières (à l’origine de son surnom) et une unité de méthanisation de 1,3 mégawatts. Cependant, en février 2013, les services administratifs n’autorisent qu’une capacité de 500 vaches, à cause de la limitation de la surface d’épandage associé.

La production d’importantes quantité de lait dans un espace confiné et d’une manière industrielle soulève l’indignation de nombreux citoyens et associations écologistes, qui se mobilisent pour que la ferme-usine cesse son activité. Selon ces associations, Senoble détiendrait, avec le groupe normand Agrial, la coopérative Senagral, qui serait la première consommatrice du lait produit dans cette usine.

Alerté par un article publié sur le site Reporterre, l’association de défense des animaux d’élevage L214 a pu se procurer l’intégralité du témoignage de l’ex-salarié de la ferme des 1000 vaches. Le constat est alarmant et sans appel. Les photos et les détails révélés par le témoignage laissent peu de doute quant à sa crédibilité.

Extraits du témoignage de l’ancien salarié de la ferme des 1000 vaches

« Ce qui frappe d’abord, c’est l’état des vaches : épuisées, elles tombent de fatigue, elles sont amorphes, comme mortes, sans réaction. Elles ne réagissent pas aux gestes qu’on fait près d’elles et auxquels elles réagissent normalement. On doit utiliser un pince hanche pour les relever quand elles ne le peuvent plus ; au moins deux vaches tombent par semaine. On utilise aussi ces pinces quand elles se trouvent coincées dans leur logette et ne peuvent plus en sortir. »

« La nourriture vient de partout, en grande quantité, de France et de Belgique. Les 5 à 10% qui sont la quantité normalement refusée par les vaches, et qui devraient être jetés car gâtés, sont systématiquement collectés, remélangés et reproposés aux animaux, cela fait de la nourriture avariée, avec des boulettes de pourri. Le silo de stockage de maïs n’est pas régulièrement nettoyé et récemment on en a sorti deux remorques de nourriture pourrie. »

« On compte une mortalité d’environ 2 à 3 vaches et 5 veaux par semaine. Un associé de Ramery, Christophe Deneux (le seul qui ait été vu comme travaillant à la ferme) a déclaré que la moitié de son troupeau de départ – pourtant des Montbéliardes résistantes - était morte, soit 30 vaches sur les 60 qu’il a ramenées. »

« Sur le troupeau on compte au moins 300 boiteries. Les pattes souffrent beaucoup à cause du sol en béton. Le béton qui est partout est l’ennemi de la vache. »

« La cause première de la mortalité est le manque de suivi. Les vaches sont malades et ne sont pas toujours soignées. Ce manque de suivi animal est évident et alarmant. La souffrance animale est importante. »

« Les vaches vivent dans leurs excréments de façon permanente. On peut dire qu’elles souffrent toutes. Les logettes devraient être paillées tous les 2 jours, c’est fait tous les 15 jours ! »

« Si une visite des Services Vétérinaires correcte était faite, cette ferme serait fermée. Les vaches ont sans doute la paratube, maladie contagieuse pour elles. »

« Pour l’abreuvement aussi, le personnel doit utiliser le moins d’eau possible. Par exemple, les abreuvoirs sont noirs : ils devraient être nettoyés chaque jour, ils le sont tous les 15 jours, irrégulièrement, et sont donc très sales, car les vaches ont de la nourriture sur le museau et cet ensilage pourrit dans l’eau. »

L214 porte plainte pour mauvais traitements

Des surmortalités avaient d’ailleurs déjà été mentionnées suite à une réunion de suivi de l’élevage. Une inspection menée en urgence par la Direction Départementale de Protection des Populations (DDPP) vient de confirmer la présence surnuméraire de 294 vaches.

Suite aux inquiétantes révélations relatives à la société exploitant la ferme-usine des « 1000 Vaches », L’association L214 a décidé de déposer une plainte pour mauvais traitements auprès du Procureur de la République d’Amiens. Devant l’incapacité des exploitants à s’occuper correctement des animaux et à se plier au respect de la réglementation (permis de construire, nombre d’animaux, ...)[1], L214 demande aux autorités d’agir pour que la fermeture de cette usine intervienne au plus vite.

Brigitte Gothière, porte-parole de l’association L214 s’indigne : « La réalité dépasse la fiction ! Vaches épuisées, nourriture moisie, boiteries généralisées, surmortalités, vaches non soignées et en souffrance, l’élevage des 1000 vaches fait la démonstration grandeur nature de ce que représente un élevage industriel pour les animaux. CQFD ! Le dépassement du seuil maximum de 500 vaches à 794 est l’ultime provocation. Nous demandons aux autorités d’agir au plus vite et d’ordonner la fermeture de cet élevage qui n’aurait jamais dû voir le jour. »

Par ailleurs, le tribunal administratif d’Amiens est sur le point de rendre son jugement sur le recours déposé, entre autres, par les associations Novissen, L214 et la Confédération paysanne contre les permis de construire et d’exploiter.

L’exploitant nie toute maltraitance

Reporterre rapporte les propos de Michel Ramery, entrepreneur à l’origine de la ferme-usine des Mille vaches. Si celui-ci admet bien qu’il y a plus de 500 vaches, en revanche, il nie que les animaux puissent être en mauvaise santé et mal soignés : « Une vache ça vaut de l’argent, ce n’est pas dans notre intérêt de les faire mourir, elles sont bien soignées. Quand quelqu’un perd une vache sur cinquante, ça fait mal. Mais c’est vrai qu’avec 700 vaches, on peut en perdre 14... »
Pourtant, l’ex-salairé indique qu’il en meurt deux ou trois par semaine... « Ce n’est pas trois par semaine ! Les vaches mortes, c’est un problème qu’on a eu au début parce qu’on a dû les ramener en cachette. (…) Au début, on avait un peu plus de mortalité que la normale. On a acheté des vaches un peu partout et elles n’ont pas apprécié le changement de bâtiment. Mais maintenant, on est dans des critères normaux de pertes de vaches. »

Tout est dit.

Ferme des 1000 vaches : "ce n’est pas de l’élevage, c’est de l’industrie"

Pour la fédération écologiste FNE, la ferme des mille vaches est avant tout une usine : les vaches "sont transformées en machines à produire de la bouse pour la méthanisation et accessoirement du lait. Elles ne sortiront jamais en pâture. Leur alimentation provient en grande majorité de l’extérieur de l’exploitation, notamment sous forme de soja OGM. Comme le bénéfice recherché concerne en priorité la vente du méthane, le prix du lait va être tiré vers le bas et donc faire disparaitre les petits et moyens élevages. Ce modèle désastreux sur le plan social va à l’encontre de toutes les exigences environnementales malgré la mise en avant des bilans d’azote ou de carbone faussement positifs."

Pour Patrick Thiery, président de Picardie Nature : « Dans le département de la Somme, l’élevage bovin a toujours été en lien avec le sol. Les paysages ainsi façonnés constituent un atout pour le futur parc naturel régional de Picardie Maritime. Un process industriel d’élevage ne doit pas s’y développer. »

La majorité des Français est opposée aux ferme-usines

Selon un sondage IFOP commandé par l’association Agir pour l’Environnement, 68% des Français sont tout à fait opposés (38%) ou opposés (30%) aux projets de ferme-usines. Seules 6% des personnes interrogées indiquent être tout à fait favorables à de tels projets.
Notes

La ferme-usine des 1000 vaches avait déjà été sommée de déplacer un bâtiment non conforme au permis de construire. Les exploitants confirment aujourd’hui détenir 294 vaches en violation des dispositions de l’arrêté du 1er février 2013.

Source : notre-planete.info, http://www.notre-planete.info/actualites/4290-maltraitance-animale-ferme-usine-1000-vaches


Voir en ligne : notre-planete.info

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