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Les fous, l’apologie et nous

mardi 20 janvier 2015

Ces jours-ci, j’ai peur pour nos fous. Je sens que la société, toute à son obsession sécuritaire et qui pensait déjà très peu à eux, est en train de les oublier tout à fait. Pire, elle les assimile sans cesse aux terroristes. Faudra-t-il, en plus, accepter de les voir emprisonnés pour « apologie » ?

Les fous, l’apologie et nous

18 janvier 2015 | Par La Parisienne Liberee - Mediapart.fr

"La chanson des fous", anonyme flamand 16è siècle

À PROPOS DU MOT « FOU »

Certains lecteurs s’étonneront peut-être que j’écrive dans ce billet le mot « fou », sans précaution ni guillemets, pour désigner des personnes qui souffrent de troubles psychiques. Dans cette période historique particulièrement intolérante, je veux essayer de vous parler des fous avec familiarité, avec tendresse et parfois humour ou tristesse, en tout cas avec affection et respect. Parler, aussi simplement que possible, de ces enfants, ces femmes et ces hommes qui souffrent dans une existence séparée, ostracisés par une société qui peine à supporter leur alterité et à leur offrir l’hospitalité. Je veux parler des fous, de toutes ces personnes qui ont été, avec les juifs, les communistes, les tsiganes et les homosexuels, les tristes victimes du nazisme et qui, dans la France du 21è siècle, vivent déjà trop nombreux en prison.
« Fou » n’est pas ici une insulte. « Fou » ne devrait jamais être une insulte. Fin du préambule, venons-en à l’actualité et à nos Charlies.

NE PAS APPELER LES TERRORISTES DES FOUS

Comment nommer les assassins qui ont perpétré les attentats de Paris ? Terroristes, djihadistes, fanatiques, extrémistes, barbares, salauds… Bien sûr, les mots nous manquent. Nous en parlons tant et tant qu’il nous faut des synonymes. Condamnant moralement l’acte des assassins, nous cherchons des figures dégradantes pour les disqualifier. Peu à peu, sans y songer, nous en venons à un constat apparemment de bon sens, presque modéré : ces types sont tarés. Fous à lier. Oui, il faut être dingue pour faire des trucs pareils. Ces mecs sont déments. Cinglés. Ce sont des malades, des détraqués. Des psychopathes armés de kalachnikov, des crétins. Ne faut-il pas être imbécile pour assassiner un type comme Cabu ?

Variante de l’insulte stigmatisante du terroriste-fou : le terroriste-mongolien. Photo capturée sur twitter, source amie que je ne dénoncerai pas et qui a supprimé son tweet deux minutes après publication.

Les hommes qui ont attaqué la rédaction de Charlie Hebdo et le supermarché casher de la Porte de Vincennes sont peut-être fous. Cela ne me choque pas qu’on traite des assassins de fous, mais il faut tout de même reconnaitre que le diagnostic reste incertain. Il aurait été intéressant de savoir, d’ailleurs, s’ils étaient ou non en pleine possession de leurs facultés mentales lorsqu’ils ont commis ces actes, mais maintenant qu’ils ont été abattus, aucun procès ni aucune expertise psychiatrique ne nous permettra jamais de l’affirmer, ni de le nier.

Ce qui pose un sérieux problème, dans nos usages linguistiques, c’est le substantif. En effet, chaque jour depuis le début des attentats, dans les articles de presse, les commentaires à la télévision, à la radio, dans la rue, dans les discussions, j’observe le retour violent et inconscient de la figure du fou criminel, figure qui a toujours servi à oppresser des personnes qui comptent parmi les plus faibles et les plus souffrantes d’entre nous : les fous. Fous qui, rappelons-le, pour l’immense majorité d’entre eux, ne sont pas criminels.

Le problème se précise quand on ne se contente plus de dire que les assassins sont fous, mais qu’on dit que ce sont des fous. On utilise alors le mot « fou » pour désigner ces assassins. Là ce n’est pas possible, nous ne pouvons pas utiliser « fou » comme un mot synonyme de terroriste ou assassin, c’est insultant pour les personnes qui souffrent de troubles psychiques, pour leurs proches, leurs soignants. Quelques personnes l’ont souligné, et parmi elles une voix que nous pourrions écouter attentivement pour nous appliquer éviter cet amalgame, puisque c’est celle de Patrick Pelloux, invité au 20h de France 2 dès le lendemain de l’attentat, qui déclarait à propos des terroristes : « on ne peut même pas dire que ce sont des fous parce que c’est insulter les fous, en fait »

Patrick Pelloux le 8.01.2015 - journal de France 2

L’HISTOIRE DU FOU DANS LE BUS

Avez-vous pensé un instant à ce que peut être la vie quotidienne d’un enfant schizophrène, d’un homme paranoïaque, d’une femme atteinte de dépression sévère ? C’est une existence d’intenses souffrances, de médicaments douloureux et qui abiment le corps, de rejets affectifs permanents, de violences sociales aux formes multiples. Savez-vous par exemple que de nombreux fous adultes sont pris en charge par des institutions psychiatriques ou des foyers pendant la journée ou la semaine, puis se retrouvent à nos côté dans les rues en soirée ou le week-end ? Etes-vous conscient qu’entre deux hospitalisations, lorsqu’ils vont mieux ou lorsqu’il n’y a plus de place pour eux « dedans », les fous se promènent « dehors » ? Certes, la plupart du temps ils restent cachés derrières les murs plus ou moins ouverts de leurs institutions, existant loin des regards. Mais au fond, les fous, ce sont simplement tous ces gens que vous trouvez bizarres, parfois singulièrement vêtus, vivant trop souvent à la rue, qui parlent seuls et regardent le monde si étrangement. Tous ces gens qui nous font peut-être un peu peur, un peu pitié, un peu mal, un peu rire, lorsque nous les croisons dans une rue, un magasin ou un parc.

"Dans le bus, dédoublement" - Photo LPL

Je dois maintenant vous raconter une histoire qui m’est arrivée vendredi soir.

Je suis dans le bus à Paris avec une vingtaine de passagers. L’ambiance est nocturne et plutôt paisible. Sur un siège, il y a un monsieur avec un sac en plastique qui divague d’une voix haut perchée, une voix de petit garçon ou de petite fille. S’adresse-t-il à ses voisins, à l’ensemble des voyageurs, à lui-même ? On ne sait pas trop. Il délire gentiment, très gentiment vraiment, et il parle de l’actualité. Il dit des choses comme : « l’important c’est qu’après ce qui s’est passé à Charlie on puisse continuer à rire ensemble, hein ? L’important, c’est qu’on soit avec Charlie. Que les religions soient tolérantes, aussi, ça c’est important ». En fait, il récite presque mot pour mot le catéchisme officiel de la semaine, et il faut avouer que nombre de brillants éditorialistes n’ont pas fait beaucoup mieux que lui. Bref, il parle mais ne prend pas de risque. Sauf qu’il est un peu sale, qu’il porte son bonnet de travers, qu’il a un timbre de voix vraiment étrange, et qu’il s’exprime sans avoir trouvé d’interlocuteur. C’est un fou, un fou gentil, un fou en sortie le vendredi près de minuit, qui se rassure comme il peut.

Autour de lui les gens restent, comme souvent dans ces cas-là, de cire. Ils font comme si l’homme n’existait pas. Puis soudainement, après un arrêt, le conducteur se lève de son siège et se met à l’engueuler d’une voix mâle et menaçante. « Monsieur, parlez moins fort, vous dérangez les gens ». Le fou grommelle, d’un coup angoissé. Comme il ne s’excuse pas convenablement, le conducteur monte encore d’un ton. « Je suis dans mon bus, c’est moi qui commande ici, et si vous n’êtes pas d’accord vous descendez ».

En entendant cela, je dois avouer qu’il se passe quelque chose en moi d’assez rapide. Je ne veux pas voir cela, je ne veux pas voir cet homme chassé du bus de cette façon. Je pousse un cri : « Non ! Non, ça ne nous dérange pas ! » Le conducteur, visiblement énervé, me fait répéter. « Pardon madame ? » Je répète, plus calmement : « ça ne nous dérange pas du tout. Le monsieur peut parler, s’il a envie ». Près de moi un couple de passagers, richement vêtus, échange quelque mots à voix basse. Je les entends dire que si, eux, ça les dérange. Je les regarde : vraiment, ça vous dérange ? Ils baissent les yeux. Finalement le conducteur se rassied, le bus repart. J’ai gagné, mais mon coeur bat fort.

Le fou est soulagé, quand même. Il retrouve son sourire. Il faut dire aussi qu’il ne fait pas chaud dehors ces jours-ci. Du coup il fait un petit effort pour parler moins fort, mais c’est peine perdue car sa voix est si aigüe et le bus est si profondément, si intensément silencieux, que quoiqu’il fasse on n’entendrait que lui. Il parle de Charlie et des attentats, il essaye juste d’être comme tout le monde. Et il n’y arrive pas : c’est ça, être fou.

Les arrêts défilent et les gens le tolèrent, finalement, la tension retombe. Arrivée près de chez moi, je descend du bus. En marchant, je réfléchis.

LES FOUS ET L’APOLOGIE DU TERRORISME

Imaginons que ce monsieur ait été dans une phase plus angoissée, ou dans un autre type de délire, qu’il ait eu une voix grave et puissante et qu’il ait dit : « pan pan pan, Charlie bien fait pour ta geule ah ah, allahu akbar ! ». C’en était fini de lui. Il était bon pour le nouveau délit à la mode : l’apologie du terrorisme. Le conducteur aurait appelé la police et j’aurais dû regarder un homme pauvre, malade, descendre du bus encadré par des fonctionnaires armés, en route vers sa comparution immédiate. Je n’aurais rien pu faire. Ou peut-être que si ? Je ne sais pas, mais quand j’y pense cela me terrifie. Oui, puisqu’on parle de terrorisme, je pèse mes mots : que l’on puisse multiplier les comparutions immédiates pour des paroles proférées dans l’espace public ou sur internet, comme c’est le cas depuis quelques jours, cela me terrifie.


Sebastian Brants - la nef des fous (1549) - source

A ce stade, j’aimerais faire une petite parenthèse au sujet de l’adolescence. Je pense que si j’avais eu 15 ans en 2015 j’aurais refusé de faire une minute de silence imposée. J’en suis quasiment sûre, pour la simple raison que quand j’avais 15 ans, je refusais beaucoup de choses, et en particulier lorsque c’était imposé. J’aurais argumenté que c’était un choix personnel, un choix de conscience, et que nul ne pouvait m’obliger à rendre un hommage de telle ou telle manière à telle ou telle personne. Si j’avais su qui était Cabu, si j’avais connu l’histoire d’Hara-Kiri, j’aurais sûrement fait un hommage à ma façon. Je n’aurais sûrement pas appelé ça un hommage, d’ailleurs, mais j’aurais été dans une bibliothèque municipale pour lire les livres des dessinateurs, ou dans un parc pour pleurer. Après l’attentat antisémite de la porte de Vincennes, j’aurais peut-être écrit un poème sur la trop longue histoire de la haine des juifs. On peut faire beaucoup de choses librement, quand on est adolescent et qu’on comprend ce qui se passe. Pour autant, je me rappelle bien quel était mon état d’esprit quand j’avais 15 ans et je peux affirmer que si un enseignant ou un proviseur avait voulu m’imposer cette minute de silence, j’aurais très mal réagi.

Mais les ados vont grandir et ils auront le temps d’y réfléchir. Pour les fous, la question est beaucoup plus grave et aussi plus tragique. Lorsque le chauffeur a essayé de faire descendre le fou, j’ai pensé : c’était bien la peine de faire un grand rassemblement en faveur de la liberté d’expression, si c’est pour exclure les fous calmes des transports publics, et pour mettre les fous agités en prison. Vous me direz que la plupart des personnes atteintes de troubles psychiques sont suivies médicalement et que les tribunaux tiennent compte de l’état mental des personnes qu’ils jugent. Il est quand même fort probable que la comparution immédiate multiplie les risques d’erreur et les paniques dans les témoignages. Pour cette raison, il me semble que cette procédure ne devrait pas être utilisée pour des délits touchant à l’expression, que cette expression soit orale ou écrite, sur papier ou en ligne.


"Psychiatrie et Prison" - Betty Brahmy, medecin à la prison de Fleury Merogis, revue Etudes n°402 - source

Par ailleurs, il ne vous aura pas échappé que les fous ont accès à internet. Le plus souvent ils ne l’utilisent pas pour organiser des opérations-commandos, mais plutôt pour dire ce qui leur passe par la tête sur les réseaux sociaux. Quoique fous, ils arrive qu’ils soient parfaitement capables de comprendre quels sont les mots clefs à employer pour attirer l’attention. Mais parce qu’ils sont fous, ou dans une période de folie, ils ne sont pas forcément en mesure de déterminer l’impact de leur expression, ni la gravité des conséquences qu’elle peut avoir pour eux dans un moment historique tragique comme celui que nous traversons. Il n’y a plus qu’à espérer pour eux - et pour nous, donc - que la justice soit imperméable aux pulsions essentiellement punitives de l’Etat sécuritaire. Mais cela semble mal parti…

DÉFICIENCE MENTALE ET TRAUMATISME NATIONAL

À côté d’affaires criminelles atroces, telles que le crime du Beaucet dont il faudra suivre attentivement le procès, on voit poindre depuis une dizaine de jours une nouvelle pratique judiciaire consistant à abolir la distinction entre les paroles et les actes. L’infraction d’apologie du terrorisme, assez vaguement caractérisée, consiste en fait à appliquer l’idée performative selon laquelle dire, ce serait faire. Pour l’antiterrorisme, la parole serait d’une certaine façon l’indication d’un prochain passage à l’acte et/ou un encouragement à commettre des actes terroristes. Mais n’est-ce pas là une dérive intellectuelle et judiciaire ?

En punissant des expressions verbales dans un contexte psychologiquement difficile (les attentats de Paris ont provoqué des réactions peu rationnelles chez de nombreuses personnes, et c’est tout à fait compréhensible), on risque de prononcer d’inutiles condamnations de buveurs bavards, des fous délirants, d’adolescents à la langue déliée. Non seulement cela menace notre liberté d’expression à tous en installant la peur - chut, ne dis pas cela, tu vas avoir des ennuis ! Mais ces dispositions risquent aussi de toucher en premier lieu toutes les personnes qui sont les moins à même d’utiliser finement le langage, de jouer avec les limites de l’infraction, de se contrôler. Et puis quand même, prononcer des peines de prison ferme pour des paroles, orales ou écrites, tout en célébrant la liberté d’expression, est-ce bien raisonnable ? Quand ces peines en arrivent à toucher des gens atteints de troubles psychiatriques, on franchit une limite qui devrait constituer un seuil d’alerte.

Cédric Cabut, procureur de Bourgoin-Jallieu, qui a requis un an de prison ferme contre Aikel.

Il est délicat de se faire une opinion sur les dizaines de comparutions immédiates pour apologie du terrorisme qui ont eu lieu cette semaine. Les éléments dont dispose la presse sont lacunaires, variables, et tout va trop vite. Mais d’ores et déjà on peut signaler quelques cas troublants, dans lesquels il est légitime de se demander si, sous le coup d’une émotion nationale, les juges ne viennent pas d’envoyer en prison des personnes malades. D’une manière générale, la Ligue des Droits de l’Homme puis Amnesty internationalont d’ailleurs émis des inquiétudes sur le bien fondé des 69 arrestations qui ont eu lieu depuis 10 jours.

Oui et alors, me direz-vous ? Un délit est un délit, commis par un fou, un buveur, un mineur, quelle importance ? Eh bien cela est très important, justement. Il y a des pays où l’on tue les fous, où on les frappe, où on les emprisonne. Au Mali par exemple, j’avais rencontré un fou très pacifique qui riait tout le temps et qui se promenait avec une entrave métallique que le forgeron lui avait définitivement placé entre les deux poignets, de très nombreuses années auparavant. Il l’utilisait habillement, posait sa tête dessus pour dormir, mais enfin ce n’est pas l’idéal…
En France, au terme d’une longue et douloureuse histoire qui a commencé à la fin du 18è siècle, il a été convenu que la place d’un fou était à l’hôpital, pas en prison. D’une part parce que les fous dérangeaient les prisonniers et que cela provoquait des révoltes ; d’autre part pour des motifs plus vagues touchant à « l’humanité ». L’idée a mis du temps se transformer en pratique. La loi de 1838 a ordonné la constructions d’un établissement psychiatrique par département, et au fil du 19è siècle le fou est peu à peu devenu l’objet d’un suivi médical, dans des conditions qui n’étaient pas forcément meilleures que celles de la prison mais qui ont, peu à peu, abouti à construire la situation juridique que nous connaissons aujourd’hui. La règle devrait être simple : quels que soient leurs actes, et même si cela est difficile à entendre pour les victimes ou pour une société qui crie vengeance, la place des fous n’est pas en prison. Elle est à l’hôpital.

Que penser par exemple du cas de Nourredine, qui a été condamné à 3 mois de prison et 5 ans d’interdiction du territoire avec placement en détention immédiate, alors que si on en croit la dépêche AFP, le psychiatre qui l’a examiné semblait plus que dubitatif sur son état de santé mentale ? (« il dit des inepties en arborant un sourire que l’on peut qualifier de niais »).
Comment comprendre qu’Aikel, souffrant d’« une déficience mentale légère depuis l’enfance » et qui bénéficie de l’allocation adulte handicapé, ait été condamné à six mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Bourgoin-Jallieu (Isère) pour avoir provoqué oralement la police ? Le fait qu’il déjà été condamné pour des faits de délinquance est-il suffisant justifier d’une peine aussi lourde ?

Selon la retranscription surréaliste qu’en a donné France 3, voici un extrait de l’échange qui s’est tenu au tribunal de Bourgoin-Jallieu entre la juge et Aikel :

« Madame la juge :
- Etes-vous Musulman ?
Aikel :
- Non, je suis Français.

Madame la juge :
- Etes-vous religieux ?
Aikel :
- Non, je suis Tunisien.

Et de conclure :
- Je ne suis pas terroriste, je suis un être humain.

Lors du procès, le procureur Cédric Cabut aurait ainsi déclaré : « Ce monsieur se retranche derrière une déficience mentale, mais ses propos contribuent à entretenir le très lourd traumatisme ressenti par la population française ».

L’incarcération d’une personne atteinte de déficience mentale pour des faits de provocation verbale est-elle une manière adéquate de soulager l’actuel traumatisme ressenti par la population française ? J’en doute.


Voir en ligne : Source : La Parisienne Libérée

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